Neuromodulation, c’est quoi?


Simplifions la neuromodulation

 

Le cerveau, c’est un petit organe, d’un peu moins d’1.5 kg, qui baigne dans le liquide céphalo rachidien, et qui malgré sa petite taille consomme près de 20% de l’énergie produite par le corps.  Il est constitué d’environ 100 milliards de neurones, entourés de cellules gliales (tout aussi nombreuses), qui servent à protéger, nourrir et favoriser l’influx nerveux des neurones.  

Souvent présenté comme le « chef d’orchestre » de l’organisme, les fonctions du cerveau sont multiples : conscience, émotions, langage, mémoire, prises de décisions, contrôle des mouvements,  perceptions sensorielles… Pour s’acquitter de toutes ces tâches, les neurones cérébraux sont en communication permanente entre eux, reliées entre eux en réseau. Cette communication c’est de l’électricité et de la chimie : des signaux électriques (potentiels d’action) se propagent le long des axones (le corps cellulaire des neurones) jusqu’aux terminaisons synaptiques (lieux de connexions avec d’autres neurones). En réponse à ce signal électrique, le neurone produit des substances chimiques : les neurotransmetteurs.  Ceux-ci sont libérés au niveau de la synapse dans le milieu extracellulaire et vont activer ou inhiber un second neurone. De nouveau, le signal électrique poursuit son chemin le long de ce second neurone et ainsi de suite.

                             

Les maladies psychiatriques sont liées à des dysfonctionnements neuronaux. Aussi, pour soigner ces maladies, les approches « physiques » cherchent à pallier ces dysfonctionnements en agissant soit chimiquement soit électriquement : 

Les techniques de neuromodulation regroupent donc l’ensemble des traitements physiques, non médicamenteux, consistant à moduler l’activité électrique cérébrale. 

On distingue : 

Nous évoquons ici uniquement les techniques non invasives qui présentent le plus haut niveau de preuve scientifique, qui se divisent en deux catégories : 

 

Tous les traitements par neuromodulation non invasive se déroulent sous forme de cure. Celle-ci consiste en la répétition de séances de traitement, à un rythme donné. 

La seule technique officiellement validée en France est l’ECT. Pour autant, cela ne veut pas dire que les autres techniques ne fonctionnent pas ou ne sont pas pratiquées. 

En effet, la rTMS par exemple a des indications reconnues, avec une efficacité bien établie dans ces indications, et elle est validée dans bon nombre de pays. Aussi en pratique, beaucoup de centres de soins en France utilisent cette technique dans leurs outils thérapeutiques, dans l’attente d’une reconnaissance par les autorités sanitaires française.  L’efficacité clinique de la  tDCS est en cours de validation, elle est donc proposée dans le cadre d’essais cliniques.

 

 

ECT

Historiquement, l’ECT est le premier traitement par neuromodulation, apparu en 1938 grâce à Lucio BINI et Ugo CERLETTI qui ont mis au point le premier sismothère, appareil permettant de faire de l’ECT. C’est également le premier traitement vraiment efficace pour traiter les maladies psychiatriques, puisqu’à cette date, aucun traitement médicamenteux n’existait pour ces pathologies. 

Figure 2. First ECT device

C’est donc aussi, logiquement, le traitement le plus documenté, et si de nombreuses inconnues demeurent - notamment sur les mécanismes d’action précis - les indications, bénéfices attendus et effets indésirables potentiels sont bien connus.  L’ECT est une technique qui est très lourde en représentation imaginaire qui inquiète les patients et leurs proches. C’est une technique qui fait encore aujourd’hui d’un très grand nombre de publications scientifiques et d’évolution techniques. Elle reste la technique la plus efficace dans les situations de dépression très sévère.

L’ECT c’est quoi en pratique ? : 

 

C’est un traitement médical, consistant à induire, sous anesthésie générale, une crise convulsive, au moyen de l’électricité. A noter que l’on n’en devient pas épileptique en faisant une cure ECT.

 

On réalise une anesthésie générale, de très courte durée (moins de cinq minutes). 

On injecte ensuite de la célocurine, médicament entraînant un relâchement musculaire. 

On  génère un courant électrique grâce à deux électrodes placées sur le crâne, induisant une crise convulsive, qui dure 30 secondes en moyenne et s’arrête spontanément

Ces séances sont répétées à un rythme de 2 à 3 par semaine. Une cure d’ECT comporte 6 à 20 séances maximum.

Indications 

Effets indésirables 

Efficacité : 



 

rTMS

Les premières utilisations de la TMS remontent au milieu des années 80, et depuis maintenant 15 ans, la rTMS est validée aux Etats Unis par la Food and Drugs Administration (FDA) comme traitement de la dépression faiblement résistante (échec d’un antidépresseur). 

En France en revanche la Haute Autorité de Santé s’est prononcée négativement sur la technique, n’y voyant pas de bénéfice clinique en terme d’efficacité supérieure aux autres techniques médicamenteuses dans la dépression après échec de 2 antidépresseurs ou en comparaison à l’ECT. Elle a reconnu l’innocuité de la technique.  sur cette validation. L’utilisation de cet outil thérapeutique reste donc toujours hors cadre d’une remboursement par l’assurance maladie et théoriquement réservée à des protocoles de recherche. 

 

La rTMS c’est quoi en pratique ? : 

C’est un traitement médical, consistant à induire, au moyen d’un champ magnétique, une stimulation neuronale d’une surface limitée du cortex. Ces stimulations répétées induisent un effet à long terme d’augmentation ou de diminution de l’excitabilité du cortex stimulé.

 

On installe le patient confortablement dans un fauteuil. 

On repère la zone du cortex à stimuler, et on place en regard de celle-ci une bobine électrique, qui va générer le champ magnétique qui stimulera cette zone. 

On stimule durant plusieurs minutes (5 à 30 minutes selon les protocoles). 

Ces séances sont répétées à un rythme d’une à 2 par jour (voire jusqu’à 10 dans des protocoles plus récents). Une cure comporte 10 à 50 séances.  

 

Indications : 

Effets indésirables : 

La rTMS est globalement très bien tolérée. L’effet indésirable le plus notable, mais qui reste très rare (0.01% à 0.1%) est l’induction d’une crise convulsive. Peuvent aussi survenir fréquemment des céphalées et des douleurs locales de la zone stimulée. 

Efficacité : 

 

POUR RESUMER

 

Les techniques de Neuromodulation sont parfois une option thérapeutique qui peuvent être proposées dans les situation de troubles psychiatriques (DEPRESSION, SCHIZOPHRENIE, CATATONIE) très sévères (ECT) et/ou très résistant (ECT).

Dans les dépressions d’intensité modérée à sévère, modérement résistantes (échec de 2 antidépresseurs) en complément des médicaments antidépresseurs, la rTMS peut s’avérer utile. De même, quand la tolérance des psychotropes est mauvaise, la rTMS peut est un choix thérapeutique

Ces techniques imposent des soins au cours d’une hospitalisation pour les ECT ou en ambulatoire pour la rTMS. Ceci constitue une CONTRAINTE lourde pour les patients et leurs familles. C’est pourquoi elles sont souvent proposées tardivement au cours de la prise en charge.